5 juil. 2012

Témoignage de Sr Giulia Russo

La vocation pour les missions lui est venue un dimanche, alors qu’elle était encore adolescente, pendant qu’elle était à la messe. Celle d’être FMA lui est venue après lorsqu’elle fréquentait l’école salésienne de Vomero, le quartier de Naples où elle est née et où elle a grandi. Sr. Giulia Russo, qui a aujourd’hui 54 ans et qui est en Afrique depuis 24 ans, se trouve actuellement à Libreville, au Gabon. Elle commence à raconter son histoire en se rappelant d’un jour particulier : « J’étais à la messe et j’écoutais les paroles de ce prêtre salésien comme si ces phrases m’étaient adressées à moi personnellement ; ce prêtre disait qu’il y avait de grands besoins en mission. Et pendant qu’il expliquait que nous sommes tous appelés à aider son prochain, voilà qu’il lança ces paroles : « et toi, que peux-tu faire ? », comme si la demande m’était adressée à moi ». Donc la vocation vous est venue très jeune ? « La vocation pour la mission, oui. Celle de Fille de Marie Auxiliatrice quelques années plus tard. Quand mourut ma mère, mon père décida de m’envoyer à l’école des salésiennes pensant que pour moi cette ambiance était la plus adaptée. Et en effet c’était vrai. C’était un milieu plein d’enthousiasme, de joie, d’émotion et d’amour envers les jeunes, et c’est là que j’ai mûri ma vocation. Dans les années 80 j’ai prononcé ma première profession et la même année je demandais à mon père ce qu’il pensait de mon choix d’aller en mission ». Et que répondit-il ? “ Il répondit: “va avec Dieu”. Une réponse d’une générosité unique. Mon père à l’époque était malade et en effet il mourut l’année suivante ». Quand êtes-vous partie pour l’Afrique ? « En 1986 je prononçais mes vœux perpétuels et la Conseillère, Mère Lina Chiandotto, me dit que je pourrai partir au Gabon pour le projet Afrique. Je ne savais même pas où se trouvait le Gabon à cette époque, je suis allée voir sur une carte et j’ai relevé quelques informations sur ce pays et avant même de partir j’étais déjà amoureuse de cette terre. En juin 1988 je suis arrivée à Port Gentil, qui selon moi, c’est la ville la plus belle en absolu. Peut être parce que c’est la première ville africaine que j’ai vue ». A quoi vous attendiez-vous une fois arrivée là ? « En réalité je ne pensais pas que je me serais trouvé dans une vraie ville. Je m’attendais à voir beaucoup de cabanes. Nous pensons toujours faussement que l’Afrique n’est que cabanes et pauvreté, au contraire Port Gentil était et est encore, une ville africaine avec toutes ses prérogatives. La colonisation française a laissé une marque profonde et le développement au cours du temps a été constant ». Et de quoi vous êtes-vous occupée à Port Gentil ? « A Port Gentil les FMA avaient une école maternelle et un centre de promotion pour la femme. Le Centre au début accueillait toutes les ’’filles mères’’ qui voulaient apprendre un métier et peu à peu ce Centre des Cocotiers est devenu un point de référence pour toute la ville ». Quelle est la condition de la femme au Gabon ? « La parité n’existe pas. Mais la femme gabonaise a une force et un courage que je n’ai jamais vu chez d’autres femmes. Elle se donne du mal pour élever ses enfants et faire vivre sa famille. Souvent elle est seule car les compagnons ou les maris les abandonnent facilement pour une autre. C’est justement pour cela que la femme travaille sans cesse. Elle fait le jardin quand elle n’a pas de travail qualifié, parce qu’elle sait qu’elle ne peut compter que sur elle-même et que la terre qu’elle cultive ne l’abandonnera jamais. Quand elle accouche, deux jours après elle est debout pour cuisiner, faire les courses et tout le reste, chose qui pour moi est incroyable. Et surtout ce sont des femmes à qui on peut faire confiance et qui font d’énormes sacrifices pourvu que leurs enfants soient bien ». Et les jeunes ? “Les garçons à la différence des filles, sont beaucoup aidés par la famille pour continuer leurs études. Et aussi parce qu’au Gabon, comme dans beaucoup de pays d’Afrique, ce sont les hommes qui doivent apporter la dote à la famille de la fille quand ils se marient». Et donc, les familles sont près des jeunes ? «Oui et non. Tout dépend de la famille. Les plus en difficulté sont les familles monoparentales, alors que cela peut nous sembler étrange mais c’est ainsi : les familles polygames sont très unies et les jeunes qui grandissent dans ces familles sont plus sûrs d’eux-mêmes à la différence de ceux qui grandissent dans des familles sans le père et qui doivent rapidement faire leur vie, souvent en suivant les traces de leurs mères ». Quels sont les problèmes des jeunes ? « C’est surtout la drogue chez les jeunes de Libreville, où je suis actuellement, qui représente une vraie plait. Habituellement ils fument des herbes hallucinogènes qui rendent les garçons violents, et les portent à commettre des crimes, puis les conduisent droit en prison et souvent à la mort. Pour essayer d’arrêter ce phénomène nous avons monté un terrain de basket et de volley, de façon à ce que les jeunes puissent rester là tous les jours et les après midis et peuvent ainsi se libérer de leurs frustrations. Là ils ont également la possibilité de créer des liens avec d’autres jeunes et en même temps ils savent que pour quoi que ce soit, ils peuvent s’adresser à quelqu’un. Nous avons ouvert cinq centres de jeunes en tout à Libreville ». Publication site FMA

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